
CHRONIQUE
samedi 13 août 2022
Jour 15 - Decatur / Greenfield
Artisan de l'unionNouvelle étape historico-culturelle de notre périple américain, arrêt à Springfield, Illinois (à ne pas confondre avec Springfield, Massachusetts, là où "la vie coulait comme de l'eau" pour Carole Fredericks). Et pourquoi qu'on s'arrête là, hmmmm ?? Allez, allez, on cherche.... Alors oui, déjà lorsqu'on traverse cette ville on est sur un bout de la route 66, donc ça ne fait pas de mal, mais honnêtement, ce n'est pas pour ça. Allez, je vous aide : qui a regardé Nord et Sud dans les années 90, avec Patrick Swayze et James Read dans les rôles de Orry Main et Georges Hazard, amis séparés par la guerre de Sécession ? Au moins, mamie et Suzanne et tata Lili, vous ne pouvez pas m'abandonner sur ce coup-là !Bon et ben Springfield, non ce n'est pas le lieu de naissance de Patrick Swayze, ni celui où la série a été tournée, non, c'est un peu plus profond que ça : c'est là que se trouve la seule maison jamais possédée par Abraham Lincoln, où il a vécu avec sa famille avant de devenir président des Etats-Unis en 1860, et donc de rentrer dans l'histoire comme celui qui a mis fin à l'esclavage, poussant les états du Sud à la sécession, et dirigé le pays pendant cette guerre civile qui, au final, sauvera l'Union.Parenthèse historique refermée (soupir de soulagement des enfants, Christophe s'en fout, il n'a rien écouté, il prend des photos), nous voilà donc à l'assaut du quartier historique où la maison de la famille Lincoln se dresse, au milieu de toutes ses voisines conservées en l'état, et qu'on peut visiter si on est au rythme américain, c'est à dire si on arrive avant 17h, ce qui évidemment n'est pas notre cas, zut..Tandis que nous déambulons dans ces rues magnifiques chargées d'histoire, je laisse mon esprit s'évader dans de philosophiques réflexions sur la liberté, l'engagement, l'égalité des hommes et des races, l'héritage culturel etc etc... et je me sens envahie d'un enthousiasme humaniste, c'est tellement beau, des hommes qui luttent pour la liberté d'autres hommes, pour des idéaux qui les dépassent, pour élever l'humanité au-dessus de ses bas instincts...Ma réflexion est perturbée par des éclats de voix intempestifs, je me retourne avec nonchalance, encore illuminée de ces profondes pensées, et je repère un couple qui arrive derrière nous, oh, une discussion d'amoureux pense-je avec indulgence, de jeunes gens qui se laissent eux aussi envahir par ce sentiment de plénitude d'appartenance à l'espèce humaine qu'on ressent en étant ici, cette communion des esprits... et c'est là que je réalise qu'en fait mon jeune couple merveilleux semble bien éméché, et que le jeune homme, armé d'une bouteille, s'amuse à... l'utiliser comme une arme, nous viser et nous tirer dessus, notamment sur mes 4 fantastiques qui avancent devant nous, insouciants et inconscients du danger imminent (qui aurait pu être réel si ladite bouteille avait effectivement été un M16 ou un AK47, que certainement il avait dans son sac à dos, si sac à dos il avait eu). Autant dire que ma bucolique rêverie a crevé comme une bulle de savon, et que j'ai hâté le pas vers ma progéniture pour chercher refuge auprès d'elle servir de bouclier humain en cas d'escalade violente.Evidemment, mon plan de survie basé sur une fuite rapide a été contrarié par Christophe, qui, sous prétexte que le dangereux couple avait tourné le coin de la rue, continuait tranquillement à prendre des photos ! L'inconscience de cet homme !