dimanche 31 juillet 2022
Jour 02 - Boston
"I've gone to look for America"
Simon & Garfunkel chantaient ça en 1968, et je les écoute aujourd'hui en écrivant cette seconde chronique, au frais dans le confort de notre superbe hôtel "Hampton Inn Seaport by Hilton"... pour la petite histoire, si je vous dis "Daytona 2019", qui comprend ce à quoi je fais allusion ? Allez, mais si, rappelez-vous (et sinon, allez relire cette histoire dans les archives du site !) : il y a 3 ans, j'avais raconté nos déboires de logement inexistant en arrivant à Daytona Beach, et comment Christophe et moi avions dû batailler comme des forcenés auprès de notre centrale de réservation pour être relogés dans les mêmes conditions... et comment au final on s'était retrouvés dans un super hôtel 300 étoiles dont je garde encore un souvenir mémorable, chaque fois que je regarde ma ride du lion que cette mésaventure a bien contribué à creuser...Et bien là, rebelote : nous avons réservé depuis septembre un appartement dans le Chinatown de Boston, pour une somme tout à fait correcte, super affaire, bien située et tout et tout. Samedi 23 juillet, soit J-7jours, nous recevons un mail nous disant que "vraiment, ils sont très sorry sorry, mais qu'ils ont un problème de computer system (décidément !) et que du coup ils ont fait du overbooking et donc no logement pour nous, mais no panic, of course ils vont nous rembourser." No logement ? NO LOGEMENT ???? WHAAAAAT ( QUOIIIII ?)? Nous revoilà donc partis à contacter le service clients pour réclamer réparation et trouver une solution ! C'est un vrai casse-tête car nous avons des contraintes ( il nous faut un logement pour 6, avec une cuisine ou au moins les petits-déjeuners inclus, et le plus près possible du centre-ville de Boston car on n'a pas de voiture). On nous propose des choses très différentes, soit c'est à 50km de la ville, soit il n'y a que 2 lits, soit les sanitaires sont communs à d'autres logements (horreur absolue !!), soit les commentaires des clients précédents font froid dans le dos... mais tels les morpions que nous pouvons être, nous nous accrochons à nos demandes comme des moules à un rocher et finissons par obtenir une offre pour cet hôtel, avec un dépassement de prix de 2000€, pris en charge par Booking heureusement !Nous sommes donc dans le quartier du port, et l'hôtel est super, même si j'en ai douté au début. En effet, en arrivant de l'aéroport, un bus conduit par un chauffeur qui devait être pilote de rallye dans une vie précédente, nous a déposés au milieu d'une sorte de zone industrielle... il faisait nuit, il était près de 2h du matin heure française, on était chargés comme des bourricots, la température était étouffante, bref j'étais encore moins zen que d'habitude (imaginez donc !). Comme Christophe s'amusait comme un petit fou à prendre des photos partout, Louis est passé en mode bodyguard auprès de moi et Paul a endossé le rôle du guide pour nous sortir de cette mouise nous mener à l'hôtel... mission réussie pour tous les 2, je pousse un soupir de soulagement lorsque nous arrivons à la réception. L'hôtesse d'accueil est charmante, elle nous gratifie de plein de sourires et s'écrie même joyeusement "Happy anniversary !!". Christophe la regarde avec des yeux ronds, heureusement mon bulbe neuronal fait tilt et je m'écrie avec une effervescence semblable à la sienne "Oh ! Thank you so much" en lançant à Christophe un regard qui se veut énamouré (puisqu'elle nous félicite pour notre anniversaire de mariage) et menaçant (puisque c'est lui qui a envoyé un mot signalant nos noces d'argent, histoire, on ne sait jamais, de gratter un petit quelque chose... sur les conseils de Cathy !). Bon, la petite réceptionniste est un peu décontenancée, heureusement Christophe comprend enfin la situation et adopte la position du jeune marié en souriant de toutes ses dents, pour montrer que je ne lui en ai cassé aucune en 25 ans et que nous sommes des amoureux transis et que oui, c'est cool si vous avez un truc à nous offrir ??Et nous voilà du coup surclassés avec une mini-suite et un lit king-size, au lieu de la chambre à 2 lits que nous aurions dû avoir, semblable à celle dans laquelle nous laissons les enfants, sans honte aucune il faut bien l'avouer !! Pipi, les dents, la douche et AU LIT !!!!!Le lendemain, réveil en jet-lag donc tout le monde est prêt à 8h, heure à laquelle nous partons donc pour une première approche de Boston et ... la messe. Je vous laisse imaginer la JOIE des enfants !!! Et pourtant, elle fut cool cette messe : nous avons atterri dans une église épiscopale, un truc qui n'existe pas chez nous. Ce qui est pareil, c'est que c'est le même rite, avec l'écoute de la Parole et l'Eucharistie, ce qui est différent c'est que le prêtre qui préside la célébration est... une femme. Et ça, ça me plaît. L'église était très belle mais très chaude, et la messe très longue (plein de cantiques chantés par une chorale mixte d'au moins 50 choristes en aube, impressionnant), du coup à peine la bénédiction finale donnée (après le chant de sortie, ce qui a vraiment plus de sens que chez nous je trouve), les enfants ont bondi dehors et vidé leurs gourdes !Le reste de la journée, Christophe vous l'a montré, 25km sous un soleil de plomb pour monter jusqu'au MIT et Harvard... ces hauts lieux de la recherche et des études ont un charme incroyable, même si la chaleur émousse notre enthousiasme... Marion a des hallucinations auditives, croyant entendre son père dire "vous avez l'air con" après nous avoir filmé pour son live, alors qu'il disait "vous avez reconnu..." Cela nous incite à entamer la route du retour car je crains une insolation pour la demoiselle ! Christophe détonne un peu au milieu de ces nobles bâtiments où il déambule pieds nus parce qu'il a pataugé dans une fontaine pour se rafraîchir, mais bon, chacun il est comme il est et personne n'a remarqué qu'il était avec moi, donc ça va ! Nous nous attardons un peu à la bibliothèque Harry Elkins Widener, dans laquelle nous ne pouvons malheureusement pas entrer... ce bâtiment a été érigé en souvenir d'un étudiant disparu dans le naufrage du Titanic en 1912. Sa mère, rescapée, a fait un don pour créer ce monument en hommage à son fils. Emue d'une telle histoire, je promets à mes garçons que si l'un deux disparaît un jour lui aussi dans le naufrage du Titanic, je ferai construire une bibliothèque en leur nom. Louis me fait alors judicieusement remarquer qu'un carton vide fera très bien l'affaire et que pour lui, je cite, "l'heure n'est plus aux études mais à l'entrepreneuriat"... et toc !